3ème Dimanche de Pâques

14 avril 2024

Partages d’Évangile des missionnaires

LA MISSION DE L’ÉGLISE COMMENCE À LA RÉSURRECTION

Quel chemin que celui d’Emmaüs ! Le passage de l’Évangile de ce jour en livre la conclusion, l’aboutissement en même temps que la nouvelle ouverture qu’il provoque.

Les deux marcheurs d’Emmaüs racontent aux autres disciples réunis à Jérusalem comment ils ont reconnu leur Seigneur ressuscité à la fraction du pain. C’est sur l’expérience d’une rencontre avec le Ressuscité que se fonde la foi des apôtres, la foi de l’Église ; c’est d’ailleurs dans ce contexte de fidélité que se lit le texte des Actes des Apôtres que la liturgie de ce jour propose en première lecture.

Quand on parle de Jésus, ‘il survient’. C’est déjà ce qu’il fit au seuil du chemin d’Emmaüs. Les deux disciples parlaient entre eux, ils échangeaient leurs points de vue comme pour s’épauler l’un l’autre dans leur déroute, dans leur désarroi. Jésus les rejoignait alors pour faire route avec eux. Bien que marchant aux côtés du Ressuscité, ils leur faillaient le rencontrer en vérité… Cela fut fait au moment de la fraction du pain.

L’Évangile de ce jour nous relate la suite de ce passage. Les disciples sont de nouveau réunis. Ils parlent de Jésus… Il survient ! « Comme ils en parlaient encore, lui-même se trouva au milieu d’eux » (Lc 24, 36). On imagine volontiers la surprise des disciples ; Luc parle de stupeur et de crainte. C’est la vie qui vient les visiter, c’est la résurrection qui vient les habiter. L’Église naît d’une rencontre avec le Ressuscité qui lui confie la paix : La paix soit avec vous. Au soir de Pâques, voici que les promesses de paix se réalisent enfin ; il reste aux disciples d’en faire véritablement l’expérience.

L’expérience de l’Église naissante se réalise dans le souci qu’elle a de promouvoir elle-même le message de la Bonne Nouvelle ; c’est ce que fait Pierre à l’occasion du discours qu’il prononce devant le peuple rassemblé et que nous lisons en première lecture. Cette responsabilité de la parole dont sont investis les apôtres leur vient du Christ ressuscité lui-même : « Rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous… » (Lc 24, 44). Il est bien question ici d’une invitation à se souvenir : la Résurrection doit être comprise dans le mystère de la Révélation. Jésus souhaite que les croyants fassent le lien de continuité entre Jésus de l’histoire et le Christ ressuscité et sauveur de l’humanité.

« Il fallait que s’accomplisse tout ce qui a été dit de moi dans la Loi de Moïse, les prophètes et les psaumes… » (Lc 24, 44) ; Le Christ ressuscité invite les croyants que nous sommes à voyager à travers les Écritures, à les lire pour le voir, à les vivre pour le trouver. Si Jésus ouvre le cœur des siens à l’intelligence des Écritures, celles-ci ne représentent pas seulement un livre, autrement dit la Bible ; ces Écritures sont une Parole vivante qui se lit avec le cœur, dont le sens des mots se découvre avec les yeux de la foi. Les Écritures sont entièrement orientées vers le Christ… Tout ce que Dieu avait préparé s’y trouve inscrit, non pas seulement sur le papier de nos bibles imprimées, mais sur les pages faites de chair et de sang de notre humanité qui ne demande qu’à être relevée de la mort et du péché avec la résurrection du Christ… C’est ce que proclamait Pierre, ce qu’écrivait Jean : « Jésus Christ est la victime offerte pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais pour le monde entier… » (1 Jn 2, 2)

La mission de l’Église commence à la Résurrection, et trouve sa force dans l’élan de Pâques. À nous aujourd’hui de poursuivre la mission qui nous a été confiée par le Christ et à la suite des apôtres lors de notre baptême et nourrissons-nous jour après jour de sa Parole.

Regarde avec bonté, Seigneur, le peuple dont tu as ouvert le cœur à l’intelligence des Écritures et que tu envoies maintenant en mission.

Jean-Marie Quétier (Diacre)