Troisième Dimanche de Carême
12 mars 2023
(Ex 17, 3-7 ; Rm 5, 1-2.5-8 ; Jn 4, 5-42)
Partages d’Évangile des missionnaires
Il y a de ces rencontres qui nous laissent totalement indifférents. D’autres, cependant, peuvent faire chavirer toute notre existence. La samaritaine peut nous en parler. Sa rencontre avec Jésus a bien changé sa vie. Nous proposant de réfléchir sur cette rencontre, l’Église veut faire de ce temps de Carême un lieu de rencontre véritable avec celui qui peut faire jaillir en nous la source d’eau vive.
Rappelons que l’Évangile selon St Jean dans sa fonction pragmatique, « entend faire passer les croyants d’une foi affaiblie et ébranlée à une foi affermie et clairement formulée ». Tant de personnes ébranlées dans leur foi, connaissent aujourd’hui cette situation d’affaiblissement. La lecture de l’histoire de la Samaritaine peut bien être adaptée à la situation des hommes et des femmes de notre temps, manquant d’eau et on dirait souffrant de potomanie, ils ne peuvent s’empêcher de boire excessivement des eaux souillées provenant de toute part, particulièrement de certaines sources des réseaux sociaux. Voilà pourquoi leurs soifs demeurent toujours inassouvies. Jésus s’offre à nous comme la source d’eau vive capable d’étancher, à jamais, notre soif.
Le puits est le lieu de la rencontre amoureuse (Genèse 24 ; 29, Exode 2,15-22). La rencontre de Jésus avec la samaritaine est une belle rencontre amoureuse : Jésus, l’Amour en-soi rencontre celle qui recherchait probablement l’amour pour-soi. Il s’agit là de la rencontre de deux soifs : celle de la samaritaine en quête de l’eau mais aussi assoiffée d’amour : une soif d’amour qui est traduite par la situation des cinq maris qu’elle en a eu. Jésus va donc lui faire gouter le vrai Amour qui dépasse tous nos différends et nos différences de classe et de race : il n’y a pas de différence entre les juifs et les non-juifs, entre les esclaves et les hommes libres, entre les hommes et les femmes ; nous sommes UN dans l’union avec Jésus-Christ (Ga 3, 28).
Jésus, lui aussi a soif : « Donne-moi à boire » (v.7). Cette soif sera encore exprimée sur la croix : J’ai soif » (Jn 19, 28). Pour reprendre un commentaire, ce cri de Jésus sur la Croix nous révèle simultanément un homme qui a soif de Dieu, et un Dieu qui a soif de l’homme. En demandant de l’eau à la Samaritaine, Jésus exprime la soif profonde de Dieu : « Dieu a soif que nous ayons soif de lui », disait Grégoire de Nazianze.
En considérant les trois parties que comporte l’Évangile de la samaritaine : Jésus et la Samaritaine (v. 5-26), Jésus et les disciples (v. 27-38), Jésus et les Samaritains (v. 39-42), il y a lieu de souligner une gradation ascendante dans le processus de compréhension de la parole et de la personne de Jésus : L’homme que la samaritaine avait tout simplement identifié comme un juif (ennemi des samaritains) est au final, accueilli par les samaritains et reconnu comme le sauveur du monde (v.42).
Il y a donc un changement de perspective : celui qui était l’étranger est invité à demeurer chez eux (v.40). Celui qui n’avait pas de seau pour puiser l’eau (v.11), a donné lui-même l’eau véritable ; si bien que la samaritaine est retournée chez elle sans la cruche. Car, en elle une source d’eau vive a jailli. Ce changement de perspective met en relief la fonction pragmatique de l’Évangile de St Jean : la Samaritaine est amenée à effectuer le passage d’une foi chancelante (v.20) à une foi affermie et clairement formulée. Elle est devenue témoin auprès des gens de sa ville.
Puisse ce temps de Carême être, pour chacun de nous, l’occasion d’une rencontre toujours plus vraie avec le Christ : rencontre qui ne nous laissera point indifférents ; car elle fera jaillir en nous la source d’eau vive qui étanchera nos soifs d’amour, de paix, de justice et de bonheur. Ainsi, nous deviendrons de vrais disciples missionnaires comme la Samaritaine.
Jackson Fabius, smm