4e Dimanche de Carême C

Dimanche 30 mars 2025

Jos 5, 10-12 / Ps 33 (34) / 2 Co 5, 17-21 / Lc 15, 1-3.11-32

Partages d’Évangile des missionnaires

La liturgie de ce dimanche nous montre l’étendue de la miséricorde de Dieu qui, comme un père aimant, reste au seuil de sa maison en attendant le retour de ses enfants dispersés. À côté de la miséricorde du père, notre méditation nous mènera à voir Dieu comme l’unique "héritage" qui remplit le cœur de l’homme.

Comme promis à Abraham et plus tard à Moïse, le Seigneur a donné un pays à son peuple où il peut désormais habiter et vivre dans la liberté. Dieu accomplit les promesses qu’il avait fait à nos pères et garde à jamais sa fidélité. Seuls ceux qui ont fait l’expérience de Dieu peuvent découvrir son immense bonté et les délices de son amour. C’est pourquoi le psaume 33 nous invite à goûter à la tendresse du Seigneur afin de voir sa bonté (cf. Ps 33, 9).

Cette bonté se manifeste encore davantage dans l’accueil du fils prodigue à son retour. Mais regardons bien, c’est le plus jeune qui a voulu avoir sa part "d’héritage". Le père, quant à lui, respecte la liberté de son fils en le laissant partir. Le texte précise que le jeune garçon partit dans un pays lointain, loin de son père. C’est là qu’il s’est mis à gaspiller "sa fortune en menant une vie de désordre". Après avoir tout gaspillé, frappé par la misère et touché dans sa conscience, il décide de retourner dans la maison de son père prêt à lui demander pardon. Le père était déjà là à l’attendre et a fêté son retour sans mettre l’accent sur sa faute. Son autre frère était mécontent du fait que le père avait réservé cet accueil festif à son fils vagabond tandis que lui qui est resté fidèle à la maison "n’a jamais rien reçu" de tel.

L’image du père, c’est Dieu qui nous laisse agir avec notre liberté même si ce que nous faisons lui déplaît, mais il nous aime malgré tout et au-dessus de tout. De notre côté, tantôt nous agissons comme le fils prodigue en allant loin de Dieu pour gaspiller ses dons et créer notre propre misère. Quand nous sommes loin de Dieu, notre père, nous n’avons plus de repère ; nous nous perdons. Aussi, tantôt nous agissons comme le fils aîné en essayant de limiter l’amour de Dieu, en reprochant à Dieu d’être "trop" bon. Nous oublions parfois que si nous arrivons à tenir debout jusqu’ici, c’est simplement par la largesse de Dieu.

Dans cette parabole, nous comprenons aussi que la vraie richesse se trouve en Dieu ; le vrai héritage, c’est Dieu lui-même. Comme le fils prodigue, nous courons après les biens matériels en nous éloignant de l’essentiel, Dieu. En s’éloignant de son père, le fils a tout perdu, son argent ne lui a servi à rien. Nous aussi, quand nous nous éloignons de Dieu, nous perdons tout, même ce que nous croyons avoir. Le fils aîné, lui non plus n’a pas bien compris la chance qu’il avait de pouvoir jouir de la proximité de son père. Il n’a pas compris que le temps resté aux côtés de son père valait plus que toute la fortune gaspillée par son frère. Que ce soit par ignorance ou par ingratitude, parfois nous réagissons comme le fils aîné en supposant que Dieu n’a pas fait assez pour nous. "Voilà que je suis fidèle à l’Église, je n’ai jamais rien reçu", "voilà que je chante à la chorale, Dieu ne m’a pas donné ceci ou cela", "voilà que j’observe les commandements de Dieu, et ce n’est pas moi qui ai tel avantage"… Autant de plaintes ! Nous voudrions être comme les autres, posséder ce que les autres ont, avoir les opportunités des autres. Mais nous ignorons parfois que le fait d’avoir Dieu dans notre vie vaut mieux que toutes les autres choses matérielles. Dieu seul suffit.

Les richesses matérielles passent, mais Dieu demeure éternellement.

En cette année jubilaire, où la miséricorde et la grâce de Dieu abondent (exceptionnellement), demandons-lui de prendre pitié de nos égarements. Que nous prenions conscience de nos erreurs pour pouvoir revenir à lui. Que par le Christ nous soyons réconciliés avec lui afin qu’il puisse nous accueillir sous son toit d’amour. Que nous voyions en lui notre source de vie et de bonheur.

Ekenley JEAN-NOËL (TITO)