8e Dimanche du Temps Ordinaire – C
Dimanche 2 mars 2025
(Si 27, 4-7 ; Ps 91 (92) ; 1 Co 15, 54-58 ; Lc 6, 39-45)
Partages d’Évangile des missionnaires
Sœurs et frères,
Cela fait trois dimanches depuis que nous méditons sur le « discours dans la plaine » de Jésus chez saint Luc qui est comparable au « discours sur la montagne » chez Matthieu puisque c’est un condensé du message central du Christ à la foule qui le suivait. Les textes de ce dimanche nous poussent à aller au-delà de l’apparence pour explorer l’intérieur, car c’est l’intérieur qui définit véritablement notre vie chrétienne. Deux appels retentissent particulièrement dans la Parole de Dieu : par rapport aux autres, un appel à ne pas juger ; par rapport à nous-mêmes, un appel à une introspection profonde.
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde d’apparence où la vraie face des gens ou de la réalité est souvent cachée. En même temps, c’est un monde qui cherche à tout interpréter et sans délai. Et puisqu’on ne prend pas toujours le temps de confronter toutes les données, nous tombons dans la facilité et nous jugeons les autres, nous jugeons le monde. Qu’est-ce qu’il est facile de voir l’autre et ses défauts ! D’ailleurs, il semble que les autres soient aussi bons et soient responsables du malheur du monde ; l’enfer, c’est les autres, dit-on. Cette culture de jugement hâtif est confortée parfois par quelques médias et les experts des réseaux sociaux qui alimentent les « Fake news ». Ainsi, sans en être conscients, nous condamnons des justes et glorifions des coupables. C’est pourquoi Ben Sira le Sage, dans la première lecture, nous invite à un profond discernement avant tout jugement sur les autres. Si nous prenons un exemple, parfois derrière un être violent extérieurement, il y a un être blessé intérieurement. Car la vérité de l’être se trouve enfouie dans le cœur de l’être, un endroit qui nous est difficile d’accès. Il y a que Dieu qui peut sonder les cœurs et les reins (cf. Jr 17, 10).
Au lieu de regarder l’autre et de le juger, nous sommes invités à jeter un regard sincère sur notre propre condition. Jésus, en utilisant l’image de la poutre pour « nous » et celle de la paille pour « l’autre », veut nous rappeler que le travail de la correction commence avec nous-mêmes avant d’aller vers les autres et l’effort à faire sur nous-même est plus important. « Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère ». Parfois, nous regardons les autres et le monde à travers les lunettes de nos propres préoccupations, nos propres soucis, nos propres difficultés, nos propres limites ; et tout cela peut obstruer notre vision ou nous révèle nos propres besoins plutôt que les besoins réels des autres et du monde. Il nous faut une introspection profonde.
Nous ne pouvons plus rester cacher derrière nos masques, nous ne devons plus, pour cacher notre véritable identité, nous recourir à des méthodes « cosmétiques » sans profondeur : beaux discours, beaux gestes, belles apparences. Entrons en nous-mêmes, creusons sur nous-mêmes et changeons de regard sur nous-mêmes. Un regard de vérité sur nous-mêmes nous permettra d’avoir un autre regard sur les autres. Alors tout ce que nous aurons dit ou fait sera un débordement de notre cœur et enraciné dans l’amour du Christ, notre Seigneur.
Ekenley JEAN-NOËL (Tito)