Deuxième Dimanche de Carême
5 mars 2023
Gn 12, 1-4° ; 2 Tm 1, 8b-10 ; Mt 17, 1-9
Partages d’Évangile des missionnaires
Imaginez ce que représente un rayon de lumière qui pénètre à travers les fissures d’une caverne pour y rejoindre ses habitants. J’ose croire que le mystère de la Transfiguration a eu ce même effet sur les disciples témoins de cet événement. À contempler ce mystère dans le contexte d’aujourd’hui, il y a lieu de trouver lumière et réconfort pour vaincre nos inquiétudes face à l’avenir.
Contempler le mystère de la Transfiguration, c’est expérimenter à l’intérieur de soi la présence du transfiguré dans toute sa puissance et sa splendeur. Pour entrer dans cette démarche contemplative, il faut se résoudre à quitter ses petites zones de confort. Abraham a quitté son pays.
À quoi puis-je renoncer ? Dois-je renoncer à moi-même ? Ou à quelque chose qui m’attache et m’empêche d’aller plus loin ? Si l’on veut retrouver la lumière, il y a une démarche à effectuer, un dépassement à faire. Il faut savoir partir vers l’inconnu avec l’unique assurance que la lumière est au bout du tunnel.
Un double contexte encadre notre réflexion et notre compréhension de l’Évangile d’aujourd’hui : le contexte liturgique du temps de carême et le contexte lié à l’expérience des disciples témoins de la transfiguration.
Sur le plan liturgique, le message de la transfiguration fait suite à l’épisode de la tentation dans le désert. Ce temps de désert que représente le carême, est un lieu de vif combat spirituel en vue d’être transfiguré avec le Christ. Comme temps de désert, le carême est un chemin de conversion et littéralement un chemin de transfiguration. Appelés à nous configurer au Christ, nous sommes ainsi appelés à des être transfigurés (meta-morphosis). C’est cela même l’objectif que le temps de carême nous propose de rechercher : la conversion. Contempler la transfiguration de Jésus c’est contempler la réalité vers laquelle nous sommes tendus, c’est contempler notre avenir !
Quant au contexte lié à l’expérience des disciples, il faut se rappeler que l’épisode de la transfiguration fait suite à une annonce assez troublante que Jésus venait de faire : l’annonce de sa passion. C’était pour les disciples une annonce bien déconcertante : un véritable coup de tonnerre dans un ciel serein. Même Pierre qui venait de faire une belle profession de foi, n’a pas su retenir ses émotions : « Dieu t’en garde, Seigneur cela ne t’arrivera pas. » (Mt 16, 22). Malgré nos vives convictions et nos éventuels vibrants témoignages de foi, la folie de la Sagesse de Dieu demeure, sans la lumière de la révélation, un point insaisissable. La transfiguration est à juste titre un événement révélateur qui, en son contexte, vient AFFIRMER pour CONFIRMER et AFFERMIR la foi des disciples.
Une affirmation : Celui-ci est mon fils bien-aimé ! L’identité de Jésus est révélée. Le lieu de cette révélation est très symbolique : la haute montagne où Moïse avait eu la révélation du Dieu de l’Alliance (Ex 19) et le prophète Elie, la révélation de la tendresse de Dieu dans une brise légère (1R 19). C’est encore sur cette Montagne où les disciples ont été conduits pour vivre ce moment plein de Lumière. Celui-ci est mon fils bien-aimé : cette affirmation confirme ce que Pierre, au nom des autres disciples avait professé : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant (Mt 16, 16) et du coup, elle vient affermir la foi des disciples face aux tourments que provoque l’imminence de la passion du Christ.
La passion du Christ fut pour les disciples une annonce déconcertante et la passion (les souffrances) que le corps du Christ (l’Église) endure aujourd’hui est aussi déconcertante : les violences, les guerres, les catastrophes naturelles font couler des larmes qui embuent des yeux qui ne voient plus l’espérance qui scintille à l’horizon. Puisse nos oreilles être toujours plus attentives au verbe éternel du Père pour que soient dissipées les ténèbres de nos cavernes faites de souffrances et d’inquiétudes.
Jackson Fabius, smm