7ème Dimanche du temps ordinaire
19 février 2023
Aimer, contre vents et marées
Partages d’Évangile des missionnaires
L’Évangile de ce 7ème dimanche ordinaire est la suite de l’enseignement de Jésus sur la montagne. Il nous invite à aimer aussi nos ennemis, au point de tendre l’autre joue lorsque l’on reçoit une gifle, de donner son manteau lorsque l’on nous prend notre tunique, etc. Nous sommes loin du : « Œil pour œil et dent pour dent ».
« Vous avez appris qu’il a été dit : « Œil pour œil et dent pour dent » (Mt 5, 38). Et moi, je vous dis de ne pas résister au mauvais. Mais quelqu’un te donne-t-il un coup sur la joue droite et prend ta tunique, laisse-lui aussi le manteau. Et quelqu’un te requiert-il pour un mille [1474 mètres], fais-en deux avec lui. À qui te demande, donne, et de qui veut t’emprunter ne te détourne pas. »
Depuis des siècles, les Hébreux avaient adopté la loi du talion, destinée à contenir la barbarie primitive. « Œil pour œil et dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure », énonçait le livre de l’Exode. Elle figurait déjà dans le code du roi de Babylone Hammourabi (vers 1730 avant notre ère). Jésus rejette cette morale de compromis et de vengeance, même limitée. Mieux vaut subir l’injustice que de la commettre.
« Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi’. Et moi, je vous dis : ‘Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent’, afin de vous montrer fils de votre Père qui est dans les cieux, parce qu’il fait lever son soleil sur les mauvais et sur les bons et pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » (Mt 5, 43-45).
L’amour du prochain est ainsi au cœur du discours sur la montagne. L’Israël ancien n’ignorait pas, bien sûr, ce précepte divin. Le Lévitique stipulait déjà d’aimer son prochain comme soi-même. Mais qui était ce prochain ? Les juifs de ce temps là n’allaient pas au-delà du cercle de leurs concitoyens. Les Gentils, c’est-à-dire les non-juifs, les étrangers, les Samaritains, les Iduméens étaient rejetés. L’amour du prochain ne s’étendait pas à ceux que l’on considérait comme les ennemis de Dieu.
Jésus par son enseignement va plus loin, beaucoup plus loin, il corrige profondément les mœurs, les habitudes, voir la loi. Tout homme, fut-il étranger, est le prochain de l’autre. « Tout ce que vous voudriez que les hommes fassent pour vous, pareillement vous aussi faites-le, pour eux » (Jn 11, 51-52).
Jésus repousse les limites. L’amour exige tout. Il doit éclater dans les cœurs fidèles, bousculer tous les obstacles. Vous devez, dit Jésus, aimer tout le monde, vous montrer compatissants, y compris envers vos ennemis, prier pour ceux qui vous persécutent ou vous diffament, faire du bien à ceux qui vous haïssent, bénir ceux qui vous maudissent, et tout cela sans esprit de retour.
Avec ce commandement nouveau, inouï, celui de l’amour des ennemis, jamais les rapports humains n’avaient atteint des sommets aussi vertigineux. « Votre salaire sera grand, et vous serez fils du Très-Haut, parce qu’il est bon, Lui pour les ingrats et les méchants. » Mais l’amour est exigeant. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés ; pardonnez, et vous serez pardonnez ; donnez, et vous recevrez.
Le soleil est pour tous… La pluie est pour tous… La terre est pour tous. Dieu est pour tous… même pour ceux qui ne le connaissent pas. Alors l’amour est pour tous, en commençant par ceux qui sont autour de nous et à qui nous pouvons apporter de la peine ou de la joie. Jésus nous demande d’ouvrir notre cœur à l’amour du prochain comme son Père, notre Père nous aime.
Jean-Marie Quétier (Diacre)